INSULTES, REGARDS ET CRACHATS : 10 HEURES DANS PARIS, KIPPA SUR LA TETE
Un mois après l'attentat d'Hypercacher a Paris, le correspondant du site NRG est sorti pour une marche dans les rues de Paris, vêtu de Tsitsit et coiffé de sa kippa. Tout au long de ce voyage qui a failli mal tourner, en particulier dans les banlieues, un cameraman et un agent de sécurité étaient présents. "Maman, que fait-il ici ? Ne sait-il donc pas qu'ils vont le tuer ?", demandera un enfant, au cœur d'une cité de banlieue... Une phrase qui veut tout dire
- Vive la Palestine !
- Eh ! Toi avec la kippa ! Qu'est ce que tu fous la ?
Un mois après l'attentat dans l'Hypercacher de la Porte de Vincennes, le correspondant du site Nrg est sorti pour une marche dans les rues de Paris, vêtu de Tsitsit et coiffe de sa kippa.
Bienvenue dans le Paris de 2015 : des soldats postés dans chaque rue ou l'on trouve une institution juive (synagogue, ecole, centre communautaire...), keffieh, femmes coiffees de la burqa parlant arabe a chaque coin de rue. Dans une banlieue, on me demande carrément ce que je fais la... Car dans le Paris d'aujourd'hui, il existe des quartiers interdits aux Juifs.
(watch it on youtube)
Il y a six mois, Chochana Roberts, une habitante de New York, publiait une video filmee par camera cachee, la montrant dans les rues de la "Grosse Pomme", encaissant sans fin des remarques a caractere sexuel. Apres l'attentat sanglant dans l'Hypercacher, a Paris, qui a coute la vie a quatre personnes, uniquement parce qu'elles étaient juives, nous avons decide d'aller voir comment vivent les Juifs dans la "Ville des lumieres".
Dix heures durant, j'ai marche en silence dans les rues de la capitale francaise et ses differentes banlieues, tandis que le cameraman Dov Bellahsen filmait les reactions, muni d'une camera Go-Pro cachee dans son sac a dos. Étant donnée la situation tendue dans la ville qui peine à se remettre de la vague d'attentats meurtriers qui l'a touchée (y compris l'assassinat des journalistes de Charlie Hebdo), on m'a également imposé un agent de sécurité.
0 degres, un vent froid, et des milliers de Francais qui se rendent sur leur lieu de travail.
Nous avons commence a marcher, au debut dans des arrondissements assez calmes de Paris, en face de la Tour Eiffel, puis les Champs Elysees, ainsi que dans des quartiers ou la communaute juive est tres presente. Puis, nous nous sommes rendus dans les quartiers a majorite musulmane
Dans les zones touristiques, l'ambiance est relativement calme, mais plus nous nous en eloignons, plus les regards haineux, les phrases lancées, les attitudes, me font me sentir mal, pas tranquille. Mon cœur bat plus fort et toutes sortes d’idees et de pensées desagreables cavalent dans ma tete.

Zvika Klein en Paris
Photo: Dov Bellahsen
Je me dis qu'on doit ressentir la meme sensation en plein cœur de Ramallah ! La majorite des femmes sont coiffees de la burqa. La plupart des hommes sont de type musulman. On entend parler arabe partout.
Au debut, nous avons decide que je marcherai en silence, sans repondre, sans m’arreter, sans ralentir. Dire que je n'ai pas peur serait mentir.
Lorsque je rentre dans une cite, un enfant et sa mere, coiffee de la burqa, me fixent du regard. Le choc est visible sur leur visage. "Maman ! Que fait-il ici ? Il ne sait donc pas qu'ils vont le tuer ?" demande l'enfant.
Alors que je passe pres d'une école, dans un quartier de Paris, un adolescent crie : "Vive la Palestine !". Quelques minutes plus tard, alors que je passe pres d'un autre groupe de jeunes, une adolescente dit a son amie : "Regarde-le ! C'est la premiere fois que je vois une chose pareille !".
Dans un autre quartier, celui-ci composé en majorite d'habitations sociales, un conducteur s'arrete pres de nous et commence a discuter. "On est decouverts" : cette certitude prend forme au fond de moi."Qu'est ce que vous cherchez ici ?" demande t il. "On m'a dit que vous trainez dans notre cite, et vous n’etes pas d'ici".
Dans une des cités a majorite musulmane, nous arrivons dans un marche couvert. "Regardez-le", crie un arabe "Il n'a pas honte ! Qu'est ce qu'il vient faire ici avec une kippa ?". Son ami est plus flegmatique : "Qu'est ce que ca peut te faire ? Il fait ce qu'il veut", lui repond-il.
Dans une rue voisine, les insultes fusent deja, m'envoyant me faire bai...er, enc...er.
Dans un cafe tout proche, des majeurs sont pointés vers moi. Immediatement apres, deux malabars nous attendent sur le trottoir. Ils m'insultent, me traitent de "sale Juif", me crachent dessus...
-''J'ai l'impression que nous avons ete decouverts", murmure le cameraman.
A un autre coin de rue, nous attendent encore deux autres jeunes. Ils ont visiblement entendu que deux Juifs traînaient dans leur quartier et nous avertissent que nous ferions mieux de déguerpir. Nous ne nous le faisons pas dire deux fois.
-"Quelques minutes de plus et nous nous faisions lyncher", me dit l'agent de sécurité alors que nous entrons dans la voiture. "Fous le camp d'ici tout de suite !".
Est-ce vraiment ce que ressentent les Juifs parisiens ? Est-ce vraiment ce que subit un Juif chaque jour dans les transports publics ou vers son lieu de travail ? La majorité des Juifs de France ne sort pas en kippa dans la rue. D'ailleurs, les dirigeants communautaires leur conseillent de porter une casquette ou de sortir tête nue pour aller travailler ou rentrer du boulot.
Sortir le soir ? Les Juifs préfèrent ne pas sortir de chez eux le soir. Ils sont plus en sécurité à la maison.
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